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BETTY PETITE FILLE

Après les premières gorgées, le gamin fut très émoustillé. Alors elle extirpa de son corsage deux cigarettes turques, puisées en passant dans la boîte maternelle.

Ils fumèrent silencieusement, les yeux rieurs, la bouche arrondie pour souffler devant eux de minces nuages gris.

Betty, la jambe passée par dessus le bras du fauteuil, s’essayait aux poses gracieuses et un tantinet indécentes, s’étonnant que le spectacle de son pantalon blanc ne produisit plus d’effet au partenaire.

Entre eux, sur la table, la bougie balançait sa flamme tremblante, épandant par la pièce des lueurs jaunes qui laissaient dans les coins de grands trous d’ombre.

Le garçonnet riait de bon cœur, sincèrement amusé ; la fillette au contraire restait soucieuse, une inquiétude lui barrait le front d’une ride.

Ils parlaient à voix basse, quoique les sujets effleurés fussent anodins, mais une timidité les retenait, leur faisant craindre le ridicule. Cependant Betty se hasardait parfois à des propos grivois, comme pour tâter le terrain.

Robert avait alors un sourire malicieux, mais en même temps rougissait.

Bientôt une intimité se créa entre eux : la fillette