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BETTY PETITE FILLE


les épaules ; Betty dissimula un sourire railleur. Au moins elle ne se permettait aucune illusion sur leur valeur respective.

Elle fut s’asseoir sagement auprès de sa mère et câline appuya sa joue sur l’épaule maternelle :

— Petite mère, je ne peux pas avoir une tasse de thé ?

Elle savait que cela lui serait refusé et elle s’en moquait, mais en même temps elle avait l’impression d’ennuyer Madame Cérisy par cette demande. C’était là au moins une satisfaction.

— Non, ça t’empêcherait de dormir !

— Bien maman !

Cela fut dit sérieusement, une lueur dans les yeux ; que lui importait, elle irait avaler le thé souhaité, dans un moment, à la cuisine.

Derechef, elle railla la crédulité du prochain et ne fut pas loin de se croire un être supérieur, capable de duper le monde entier.

Les visiteurs se retirèrent ; Betty serra nerveusement la main du complice et celui-ci répondit à cette étreinte avec une nonchalance de pacha repu. Pour cet égoïsme, elle l’aima un peu mieux. Mondaine, elle le salua, d’une voix claire :

— Au revoir, monsieur Robert.

— Au revoir, Mademoiselle.

Les dames s’esclaffèrent :