Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
BETTY PETITE FILLE

Et encore il ne comprit pas, ne pouvant prévoir que de telles pensées eussent déjà mûri en ce cœur d’enfant. Paisible il n’alla pas plus loin que ces simples contacts qui lui étaient infiniment agréables.

Elle s’étonnait qu’il ne hasardât mieux, ignorant que la vieillesse se contente de l’éveil des désirs, ne pouvant autre chose.

Lentement elle s’énervait, éprouvant à chaque minute un peu plus de hâte à goûter aux fruits de l’amour qu’elle se figurait savoureux. Il lui semblait qu’auprès de ce vieillard affable, la chose serait aisée, l’acte déjà préparé par leur intimité ancienne.

Les yeux brillants, la poitrine palpitante, elle fixait l’homme hardiment, espérant un mot, un simple geste qui serait une prière, à laquelle aussitôt elle répondrait par un acquiescement.

Assurément, elle se croyait sincère, mais en réalité, il aurait tenté ce qu’elle souhaitait, que peut-être à la suprême minute se serait-elle dérobée, bouleversée de terreur.

Sa science était encore trop incomplète, pour qu’elle pût mesurer toute l’étendue de ses aspirations. Or pour la renseigner il lui aurait suffi d’un seul calcul d’arpenteur qui lui aurait fait toucher du doigt la réalité. Mais l’imagination exaltée

4