Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
BETTY PETITE FILLE


Mais comme la mère, il se répétait : elle ne comprend pas et il se tranquillisait parce que nul acte définitif ne s’était produit.

Désabusée, elle finit par se lever, le front plissé, une lueur mauvaise dans les yeux. Elle avait vaguement conscience de n’être qu’un jouet destiné à apporter des joies platoniques à la sénilité du parrain.

— J’m’en r’tourne ! dit-elle brusquement.

Il voulut la retenir, mais elle s’entêta, simplement pour l’ennuyer à son tour.

— Non… m’man pourrait s’inquiéter…

Elle savait qu’il n’en était rien, que lorsqu’elle rentrerait, Madame Cérisy ne serait de retour d’une de ces mystérieuses promenades matinales.

Il finit par l’approuver, la jugeant raisonnable :

— Va mon enfant, et dis à ta mère que je lui rendrai visite un de ces jours.

Elle haussa les épaules et s’en fut sur une poignée de main glacée. Elle marchait vite, des sanglots lui montaient à la gorge, devant l’écroulement d’une de ses nouvelles illusions. Cela l’amena à se rappeler une réflexion de Léontine et la répéta à mi-voix :

— Tous les hommes sont des veaux !

Vraiment, elle ne pouvait encore comprendre la froideur relative du vieillard, certaine d’avoir