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BETTY PETITE FILLE


retournant, elle murmura avec une volupté concentrée :

— Elle sent l’homme !

Puis la mine candide, elle raconta que sortant de l’école elle avait été rendre visite au parrain. La mère paisible approuva :

— Tu as bien fait, chérie !

Deviner sous les aveux naturels de l’enfant toutes les perversités cachées, était impossible ; son hypocrisie acquise, créée par la peur, la défendait comme un mur d’airain. Mais elle dupait d’autant plus aisément Madame Cérisy que celle-ci avait besoin d’insouciance, afin de continuer plus librement la lutte pour l’existence quotidienne.

Après le déjeuner, elles prirent le café au boudoir tendu de liberty. Cette joie était rare pour la fillette, il fallait pour ça que nul tapissier ne fût attendu.

Elle aimait à se trouver dans ce buen-retiro, où chaque meuble représentait pour elle, une caresse perverse, un baiser de mâle, une lubricité ardente, comme elle en imaginait dans le secret de son cœur.

Il lui suffisait alors de fermer les yeux, pour vivre des rêves languides. C’était très simple, parce qu’à son début. Elle se voyait déchirée par