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BETTY PETITE FILLE


l’homme et se plaignait douloureusement. Mais ensuite, il lui fallait des à-côtés afin de se préciser l’attrait d’un acte ignoré.

En même temps, elle suçait son café par petites gorgées, avec des gestes précieux, comme elle en avait vu chez les dames élégantes qu’elle admirait. De biais, elle guignait sa mère hypocritement, se demandant ce qui évoluait à cette minute précise dans cet esprit qu’elle supposait tout enflammé d’amour.

En réalité, Madame Cérisy pensait qu’elle avait à payer son propriétaire et qu’elle comptait pour ce faire, sur un tapissier généreux.

L’argent restait son unique souci, entraînée continuellement à des frais considérables, par la nécessité d’être belle toujours, de plaire sans relâche. C’était un travail d’Hercule !

Après cela, il lui restait peu de temps pour s’occuper de sa fille ; mais comme elle réglait ponctuellement le collège, et les autres frais, elle avait la conviction d’être bonne mère.

Betty vivait donc dans un monde à part, qu’elle s’était créé de toutes pièces, n’ayant pas encore l’expérience suffisante, pour lui fournir une base sûre. À quatorze ans, on pense, on réfléchit, on comprend, mais on ne sait pas. Sa mère n’ayant d’autre occupation importante que la luxure, elle