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BETTY PETITE FILLE


farouche, comprenant malgré sa bêtise, qu’elle était en l’occurrence, un facteur de dépravation pour cette gamine, ignorante malgré toute son effronterie.

Dès ce jour, elles devinrent amies, et ce fut pour Betty un dérivatif momentané à sa fièvre intime.

Sa mère, en rentrant le soir après l’heure du thé, ne remarqua pas son teint blafard et ses grands yeux noirs cernés de mauve.

Encore une fois la fillette se moqua du prochain en général et de sa mère en particulier, arrivant à la conviction certaine que tout était permis, avec un peu d’hypocrisie et d’habileté.

Lorsqu’elle se coucha, une meurtrissure nouvelle rendait ses reins pesants et le souvenir agrandit les sensations éprouvées, enflammant son imagination si active naturellement.

Le lendemain, dès le retour de l’école, elle courut à la cuisine retrouver Léontine. Durant la classe entière, elle avait songé à cette entrevue, que l’espérance faisait attrayante.

La fille rit bêtement de sa fougue, mais ne jugea point cela si extraordinaire. Cette petite Parisienne, simple paquet de nerfs, lui apparaissait comme un être à part, à qui tout était permis, même les extravagances.