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BETTY PETITE FILLE

Betty possédait plus de netteté dans ses pensées ; pour l’instant elle nourrissait des projets malicieux. À la dérobée, elle avait examiné les trois voisins et les jugeait acceptables pour Léontine. À elle, instinctivement ils déplaisaient, chacun d’eux avait au physique un mince détail qui répugnait à sa délicatesse inexperte aux jeux charnels. Pour que cette répugnance n’existât point, il aurait fallu un individu parfait, selon ses rêves. Un rien en effet suffisait à la détourner de l’homme, les lèvres de l’un étaient trop sèches, le second portait la barbe, le troisième qui avait le visage émacié par la chlorose lui produisait une réelle impression de dégoût.

Cependant, que ces trois personnes ne l’attirassent pas, ce n’était à son avis raison suffisante pour qu’elle ne s’amusât point.

Naïve comme toujours, elle tenta une œillade rieuse ; l’homme à la barbe lui répondit par un sourire complaisant et fat.

Elle éclata de rire, amusée soudain par cette vanité ; raisonnant du particulier au général, elle en conclut immédiatement que tous les représentants du sexe fort, étaient des imbéciles. Cette opinion acquise en son jeune âge, devait lui rester sa vie entière.

Son rire qui avait retenti argentin et jeune