Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
BETTY PETITE FILLE

Sa fille le front bas, la surveillait, épiait cette songerie qui lui semblait cacher tout un monde.

Entre elles, n’existait qu’une sympathie relative, faite plutôt de l’habitude de se voir chaque jour. Mais chez l’enfant, il y avait une admiration profonde et puérile pour la femme élégante, dont les toilettes étaient brillantes, les bijoux nombreux.

Chez la mère, par contre, ne s’éveillait qu’un peu d’embarras d’une maternité gênante.

Les trente-cinq ans de Madame Cérisy s’épanouissaient en une opulence de chair rigide qu’une hydrothérapie bien conduite entretenait encore. La chevelure épaisse passée au henné avait des reflets de cuivre ; le visage régulier s’épaississait au menton d’un bourrelet naissant et les rides précoces disparaissaient sous la crème et les poudres. Le rouge cerise avivait les lèvres charnues et un peu de koheul cernait les paupières

Cependant de toute cette personne de bourgeoise replète sourdait une attirance voluptueuse et ardente qui influençait même la fillette dont les sens s’éveillaient. En réalité, au fond de l’être, il y avait une soif violente de sensualité qui cherchait à s’apaiser avant l’extinction définitive des désirs qui était proche.