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BETTY PETITE FILLE


son rapide, mais son hypocrisie habituelle l’empêcha de l’avouer. Encore une fois, elle fut insolente :

— Probable,… mais c’est pas pour vous !

Cette défense enflamma l’adversaire et de nouveau, elle fut contrainte de conclure que les hommes ne désiraient qu’autant qu’ils étaient méprisés.

Il se pencha de nouveau et lui chuchota à l’oreille une belle obscénité.

Elle se recula un peu étonnée ; elle regardait l’appendice nasal de l’interlocuteur. Décidément, elle ne comprenait pas : c’était dommage.

Son silence parut un encouragement, l’homme ne se gêna plus, il parla comme un portefaix ivre et la fillette écoutait tout, retenant beaucoup.

Tout cela se gravait dans sa mémoire et le soir, dans la solitude de sa chambrette, elle se souviendrait, accroissant son exaltation intime par l’espoir de plaisirs irréalisables.

Le troisième larron ne disait rien, comme il n’y avait pas de femme pour lui, il se désintéressait, lorgnant par la salle.

Le monsieur chlorotique posa à Léontine la question de confiance.

Elle sourit béatement, très flattée :

— J’veux bien, m’sieu !