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BETTY PETITE FILLE

Et puis, elle se dit qu’à se trouver avec ce quidam sous les mêmes couvertures, elle gagnerait peut-être une pièce de dix francs.

Mais Betty veillait, encore elle craignit une bêtise du souillon, capable assurément de disloquer ses meilleures combinaisons. Elle la pinça au bras et lui souffla à l’oreille :

— D’mande cent francs,… seulement pas pour aujourd’hui, il est trop tard !

La fille balbutia, rougit, pâlit… Vraiment elle en perdait la raison. Cent francs, c’était une somme exorbitante pour octroyer la bagatelle à un monsieur qui avait de beaux habits. Jadis au village, elle donnait ça pour rien, même pas pour le plaisir, parce que souvent le jeu l’ennuyait.

Ce fut encore Betty qui dut sauver la situation. Elle prétexta l’heure tardive pour remettre la réunion au lendemain et dédaigneuse laissa tomber le chiffre de cinq louis.

Le monsieur accepta avec un sourire en coin et Léontine sentit la folie envahir son cerveau lorsqu’elle eut la certitude que l’aubaine allait lui échoir. Elle considéra le séducteur avec une admiration voisine de l’extase.

En vérité, la crainte du juste courroux de Madame Cérisy n’eût-elle modéré ses sentiments, qu’elle aurait fui sur l’heure au bras du