Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
BETTY PETITE FILLE

Cette croissance des petites filles explique décidément bien des choses.

Par bonheur, Madame Cérisy que les nécessités d’une existence bien conduite appelait au dehors, ne s’attarda pas.

Hypocrite, Betty la conduisit jusqu’au palier et avec un sourire candide souhaita :

— Amuse-toi, petite mère !

— Quel amour d’enfant ! songea Madame Cérisy.

Mais la porte bouclée derrière elle, la fillette se précipita au galop de charge.

Dans la cuisine Léontine, la face huileuse de sueur et le chignon sur l’oreille l’attendait.

Il fallut la coiffer et à cette tâche délicate, Betty apporta toute sa bonne volonté.

Ensuite, elle l’assit dans un fauteuil de la chambre à coucher et armée du cold-cream et de la poudre annonça :

— Bouge pas, maintenant j’vas t’faire ta gueugueule de singe…

L’autre sourit béatement, reconnaissant que tout cela était « pour son bien ».

Elle eut la face honnêtement barbouillée de crème, puis poudrée comme une gaufre. Ses lèvres devinrent sanglantes et ses yeux bleus limpides, entourés de cils d’ébène et de sourcils épais.