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BETTY PETITE FILLE

Betty se recula et admira son œuvre :

— T’as l’air d’une grue… C’est c’qui faut, les hommes n’aiment que ça.

Pour terminer, on dut enclore les fortes hanches et l’arrière-train puissant en un tube de crêpe de Chine perlé de boules multicolores : exactement une robe de théâtre de Madame Cérisy.

Les pieds gonflés par l’habitude des savates s’emprisonnèrent en des escarpins Henri II juchés sur des talons sinueux.

Enfin transformée, mais les yeux toujours agrandis par l’ahurissement, elle se mit debout.

Betty l’examina, drapa, pinça l’étoffe et conclut :

— Allons t’es une bath poule… Tu la fous pas trop mal !

Léontine approuva, c’était absolument son avis. En revanche, elle ne fut pas autorisée à s’asseoir en attendant le moment du départ, de crainte de froisser ces beaux atours.

Betty, elle aussi se prépara, mais l’habitude acquise lui permit d’en avoir rapidement terminé. Encore elle se maquilla outrageusement, désirant elle aussi avoir l’air « d’une « grue ».

Bientôt elles furent dehors et contrairement aux jours précédents, elles montèrent aussitôt en métro. Durant le trajet, la fillette put donner les