qu’il la reconduisit chez elle. Même il lui remit un
billet de vingt francs, et elle accepta en riant : ce
geste était à son avis tellement naturel. Elle ne
pouvait éprouver de la honte, sa mère en recevait
bien d’autres.
Néanmoins l’idée qu’elle avait quatorze ans et que déjà elle gagnait de l’argent au moyen de sa beauté, la remplit d’une juste fierté.
Durant le trajet, elle n’eut aucune pensée sensuelle, uniquement un souvenir lancinant qui l’angoissait. Elle se demandait à l’heure actuelle, si elle n’avait eu tort de se dérober.
Elle se calma en se disant que Léontine finirait de la renseigner et que cette fois, sa science serait complète.
Méfiante, elle fit stopper la voiture à une courte distance du logis et rentra à pied.
En arrivant elle trouva Léontine au salon, vautrée dans un fauteuil et fumant une cigarette de Madame Cérisy. Elle se précipita et questionna :
— Eh bien ?
L’autre eut un rire tranquille ; eh bien oui, elle avait l’argent, c’était uniquement ce qui l’intéressait. Mais ce n’était cela que Betty désirait savoir. Les interrogations devinrent plus précises. Le souillon ricana :