Page:Des artistes, première série, 1885-1896, peintres et sculpteurs, 1922.djvu/145

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Encore ne le faudrait-il pas juger sur les quelques tableaux exposés en ce moment au pavillon de la Ville de Paris, quoiqu’ils paraissent très supérieurs, en intensité de vision, en richesse d’expression, en puissance de style, à tout ce qui les entoure. Certes, je ne suis pas insensible aux recherches de lumière de M. Georges Seurat, dont j’aime beaucoup les paysages maritimes, d’une blondeur exquise et profonde. Je trouve un charme très vif aux foudroyantes atmosphères, aux grâces féminines, aux claires élégances de M. Van Rysselberghe. Les petites compositions de M. Denis, d’un ton si suave, d’une enveloppe mystique si tendre, m’attirent. Je reconnais au réalisme borné et sans idée de M. Armand Guillaumin, une belle patte, comme on dit, de probes et robustes qualités de métier. Et, malgré les noirs dont il salit indûment ses figures, M. de Toulouse-Lautrec montre une force réelle, spirituelle et tragique, dans l’étude des physionomies et la pénétration des caractères. Les gravures de M. Lucien Pissarro ont de la verve, de la sobriété et de la distinction. Il n’est pas jusqu’à M. Anquetin qui, au milieu de réminiscences flagrantes, de conventions d’école, de bizarreries ratées, de caricaturales laideurs, ne nous offre parfois une jolie échappée de lumière, comme cet horizon parisien, dans la toile intitulée : Pont des Saints-Pères, t et de savantes harmonies de gris, comme