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LE RUBAN.


Cette couleur, autrefois adorée,
Ne doit plus être ma couleur ;
Elle blesse mes yeux, elle attriste mon cœur,
En retraçant l’espoir qui m’avait égarée.
Pour un objet plus frivole que moi,
Reprenez ce lien qui n’a rien de durable :
Celui qui m’enchaîna longtemps sous votre loi,
Ne me parut que trop aimable !
Il est brisé par vous, et brisé sans retour ;
Faut-il en rappeler le souvenir pénible ?
Oubliez que je fus sensible,
Je l’oublîrai peut-être un jour !
Je pardonne à votre inconstance
Les maux qu’elle m’a fait souffrir ;
Leur excès m’en a su guérir :
C’est à votre abandon que je dois l’existence.
J’ai repris le serment d’être à vous pour toujours ;
Mais mon ame un instant fut unie à la vôtre,
Et je le sens, jamais un autre
N’aura mes vœux, ne fera mes beaux jours ;