Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 1, Boulland, 1830.djvu/425

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Le monde est beau pour lui, l’amour l’attend… qu’il vive !
Donnez-lui tous les biens qui me furent promis ;
Rendez sa jeune gloire à ses jeunes amis ;
Qu’ils marchent tous ensemble, et qu’il les guide encore
Vers ces lauriers lointains que le bel âge adore !
Cette foule riante, à l’aspect d’un cercueil
Allez-vous la changer en cortège de deuil ?
N’acheveront-ils pas leur veille harmonieuse ?
En exilerez-vous sa voix mélodieuse ?
Le départ d’un ami rompt souvent tous les jeux ;
Cest un anneau brisé qui déjoint d’autres nœuds ;
Ah ! laissez-les chanter ! et que sa rêverie
Porte un jour quelques fleurs à ma cendre flétrie ;
Que des parfums si doux consolent mes cyprès ;
Qu’il vive de ma vie, et je meurs sans regrets !
Ma vie, hélas ! c’est peu ; mais il souffre, et j’implore.
Jetez, jetez sur moi ce mal qui le dévore ;
Qu’il vive enfin… ( Cruel, juge si je t’aimais ! )