Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 2, Boulland, 1830.djvu/28

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Tombent-elles souvent sans atteindre l’été ?

    Tu sais, ma sœur, tu sais qu’elle était belle !
    Tous les enfants cherchaient à l’embrasser.
    Quand son regard venait nous caresser,
Pour la voir plus longtemps nous courions après elle ;
Avec des cris d’amour nous arrêtions ses pas ;
Sa fuite dans nos bras n’avait plus de passage ;
Elle disait : « Cessez ! J’aimerai la plus sage. »
Et nous rompions sa chaîne, et nous parlions plus bas.

Bientôt elle eut douze ans : j’étais plus jeune encore,
Quand le malheur entra dans notre humble maison.
J’allai lui dire adieu : sa voix, frêle et sonore,
Du haut du vieux rempart cria deux fois mon nom.
Elle avait dit : « Déjà ! » Sa surprise timide
À ce Déjà plaintif n’ajouta qu’un baiser.
Hélas ! elle pleurait, sa joue était humide ;