Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 2, Boulland, 1830.djvu/29

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Et je pleurai longtemps sans vouloir m’apaiser.

C’est que l’exil est triste ; il fait rêver l’enfance.
Le jeune voyageur n’a d’ami que le ciel ;
Il erre sans asyle, il pleure sans défense,
Comme un oiseau perdu loin du nid paternel ;
Son ramage se change en plaintes douloureuses,
Des oiseaux inconnus les cris le font frémir ;
Et même, en retournant sur des routes heureuses,
S’il veut chanter, longtemps il semble encor gémir.
À ses regrets en vain la patrie est rendue,
L’orage a dispersé la couvée éperdue ;
Ses frères sont partis ; le nid vide est tombé ;
En s’envolant, peut-être un d’eux a succombé.

Mais je reviens, je vole, et je cherche Marie ;
Je cours à son jardin, j’en reconnais les fleurs ;
Rien n’y paraît changé. Cette belle chérie