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Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 2, Boulland, 1830.djvu/61

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ÉLÉGIES.

Des arbres qui régnaient le long de nos rivages
Tu m’apportes le bruit… il rafraîchit mon sort:
Une colombe y pleure ; et ces profonds ombrages,
Par toi, si puissamment me protégent encor,
Que les vents balancent leur faîte,
Roulant devant eux la tempête,
L’éclair, l’ouragan, la terreur,
Et laissent à mes pieds le calme et la fraîcheur.
Emporte-moi, souffle errant, doux génie,
Sur mon rempart tant chanté, tant aimé ;
Et que ma cendre un jour soit réunie
À l’humble terre où mon cœur s’est formé !
Aux uns de l’or… à moi des fleurs suaves :
Oh ! dans les fleurs précipite mes pas !
J’en vois languir sur des rives esclaves,
Mais ma fierté ne s’en couronne pas.

Qu’il est frais, qu’il est doux l’air de l’indépendance