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Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 3, Boulland, 1830.djvu/82

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Traîne en dormant la dépouille des bois,
Et qu’un doux rossignol vient gémir sur la rive
Où son chant d’espérance éclata tant de fois ;
Troublant seul des jardins l’humide solitude,
Pierre, dont la pitié précipite les pas,
Cherche sa jeune amie avec inquiétude ;
Il traîne sa blessure et ne s’arrête pas.
Il la trouve à genoux, priant à la chapelle
Où chaque jour son Dieu l’épouvante et l’appelle ;
Ses yeux, où flotte à peine un reste de clarté,
Implorent du vieillard le regard attristé :

« Ô mon père ! aidez-moi dans l’adieu de la vie ;
D’une autre plus affreuse elle sera suivie :
Un châtiment terrible est prêt à me saisir.
La vie a deux chemins, je n’ai pas su choisir.
Par de fausses lueurs entraînée, éperdue,
Me voici devant Dieu jugée et confondue.