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Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 3, Boulland, 1830.djvu/83

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À présent qu’elle est là, je redoute la mort,
Mon père ! la craint-on lorsqu’on est sans remord ?
Soutenez-moi ; laissez mon ame languissante
Retourner un moment dans ma vie innocente,
Y relever mon front que la honte a courbé,
Comme un roseau flétri sous l’orage tombé.
Que je pleure une fois dans le sein de ma mère !
Que mes sœurs sans rougir disent : Voilà ma sœur !
Qu’on me laisse rentrer sous le toit de mon père,
Et qu’une voix encor m’y parle avec douceur !
Qui donc a pris ma place à leur foyer paisible ?
Oh ! que n’y puis-je errer comme une ombre invisible !
Que j’ai soif du ruisseau qui coule en paix pour eux !
Comment suis-je si pauvre ? ils sont si généreux !
Ah ! c’est qu’on m’a fermé leur maison tutélaire,
Qu’on alluma sur moi leur pieuse colère.
Mais vous, à qui jamais je n’ai manqué de foi,
Conduisez leur enfant, venez, soutenez-moi !