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PRIÈRES.

Dont il plaît au printemps d’assourdir leur raison ;
Ils ont le temps, pas vrai : tout vient dans sa saison.
Oh ! laissons-les aller sans gêner leur croissance ;
Oh ! dans leur vie à jour n’ont-ils pas l’innocence ?
Au pied d’un nid chantant parle-t-on d’oiseleur ?
Tournons-les au soleil et restons au malheur !

Ou plutôt, suivons-les : quelle que soit la route,
Nous montons, j’en suis sûre et jamais je ne doute ;
J’épèle, comme vous, avec humilité,
Un mot qui contient tout, poète : éternité !
De chaque jour tombé mon épaule est légère ;
L’aile pousse et me tourne à ma nouvelle sphère :
À tous les biens ravis qui me disent adieu,
Je réponds doucement : va m’attendre chez Dieu !
Qu’en ferais-je ; après tout, de ces biens que j’adore ?
Rien que les adorer ; rien que les perdre encore !
J’attends. Pour ces trésors donnés, repris si tôt,
Mon cœur n’est pas éteint : il est monté plus haut !