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PRIÈRES.

Pour remonter au céleste pouvoir,
Allons tremper nos ailes dans l’espoir !

Pour louer Dieu, dès que je pus chanter,
Que m’importait ma frêle voix de femme ?
Tout le concert se tenait dans mon âme ;
Que l’on passât sans daigner m’écouter,
Je louais Dieu ! qui pouvait m’arrêter ?

Le front vibrant d’étranges et doux sons,
Toute ravie et jeune en solitude,
Trouvant le monde assez beau sans l’étude,
Je souriais, rebelle à ses leçons,
Le cœur gonflé d’inédites chansons !

J’étais l’oiseau dans les branches caché,
S’émerveillant tout seul, sans qu’il se doute
Que le faneur fatigué qui l’écoute,
Dont le sommeil à l’ombre est empêché,
S’en va plus loin tout morose et fâché.