Aller au contenu

Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
LES PETITS FLAMANDS.

Dame-du-Calvaire laissait tomber du haut de son clocher le réveille-matin d’un grand nombre d’enfants.

Or, il faut savoir que dans quelques villes de la bonne Flandre où les enfants sont si heureux, l’usage existait (peut-être existe-t-il encore) de leur donner, pendant un jour tout entier de l’année, le gouvernement de la maison paternelle. Ce jour-là le dernier-né commande en maître ; l’ordre des repas, les invitations, les plaisirs, tout le concerne ; on n’obéit qu’à lui comme à un roi nouvellement élu par l’amour de son peuple. Le petit monarque flamand, ravi de sa transformation, ordonne avec douceur, tend cordialement la main à ses sujets, leur donne des brioches ou bien tout ce qui est à la portée de la fortune de sa famille ; il remercie quand il est servi ponctuellement ; il remercie même quand il est sincèrement averti de l’impossibilité où l’on se trouve de condescendre à ses caprices, et il est rare qu’il ait des caprices. Tel est ce règne de douze heures institué en mémoire du jour déplorable où les Innocents furent massacrés dans la Judée par ordre du méchant roi Hérode. Un historien raconte que des mères, pleurant au récit de la terrible annale, convinrent entre elles de rendre ce jour-là leurs enfants plus heureux que tous les autres jours. Il faut avouer que si le bonheur est dans la puissance, ces rois enfan-