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LES PETITS FLAMANDS.

tins n’ont rien à souhaiter dans le cours de leur règne éphémère.

Trois jours donc après Noël, les cloches carillonnaient la fête attendue ardemment par bien des petits bourgeois ; on devinait sans voir que l’aube allait bientôt paraître. Les portes de la ville s’ouvraient bruyamment aux quatre coins des remparts. Ces portes à pont-levis de la cité frontière étaient, disait-on, fermées chaque soir pour empêcher les loups d’entrer ; mais on ne faisait plus accroire cela qu’aux très-petits, afin qu’ils se gardassent de crier au lieu de dormir.

Et l’on entendait accourir au loin les laitières sur leurs ânes, les voitures chargées de blé, de fruits et de beurre, les agneaux bêlants, les poules vivantes caquetant dans les paniers à jour des paysannes matinales, et les enfants entr’ouvraient leurs yeux plus tôt qu’à l’ordinaire dans l’attente d’un grand événement.

Agnès Aldenhoff se sentit alors doucement enlever de son lit d’osier ; c’était l’aïeule vigilante qui réveillait Agnès dont on allait proclamer la puissance à toute la famille déjà rassemblée et debout.

L’enfant, encore sous l’influence du sommeil, fut prise d’un doux saisissement. Elle ne distinguait qu’à