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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/151

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LES PETITS FLAMANDS.

de grenade, qui ne se déployait sur la tête de l’aïeule, à la manière des saintes femmes, que dans les grandes fêtes.

L’émotion qu’apportait cette mère toute grave aux apprêts du règne de sa petite-fille, remplissait l’enfant d’une gratitude si grande que quand Agnès devint une femme, elle l’en remerciait encore au fond de son cœur.

Alors la plus jeune des deux mères, qui s’appelait Catherine, dit tout bas à l’autre :

— Quel dommage de n’avoir plus nos belles den- telles pour un si grand jour !

— Puisque c’est la volonté de Dieu, Catherine ! D’ailleurs les anges n’ont pas besoin de dentelles pour lui plaire !

En répondant ainsi et prenant l’innocente entre ses genoux, l’aïeule fit pendre à sa ceinture le trousseau de clefs qu’elle détacha de la sienne, plus, des ciseaux, enfermés dans leur étui pour qu’ils ne fussent pas dangereux à qui les portait ; elle y ajouta même une pelotte rouge en forme de cœur, faite par les dames ursulines ; la toilette achevée, elle se retourna vers le père d’Agnès et dit :

— Parlez, Félix !

Alors le père parla ainsi :