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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/150

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LES PETITS FLAMANDS.

tait l’odeur suave des églises dans les grandes célébrations.

Sitôt que les cheveux charmants d’Agnès furent péignés, lustrés, séparés sur le front, puis rendus à leur nature ondoyante, elle se laissa revêtir, en tremblant de joie, des habits de sa grand’mère, qui la regardait et l’embrassait à chaque épingle qu’elle attachait sur elle.

Pour bien comprendre cette cérémonie, il faut se ressouvenir que quand la souveraineté de l’innocence est déclarée par le plus âgé du logis, père, mère, frères, sœurs, servantes viennent au pied de son lit la saluer comme on venait de saluer Agnès ; enfin la tradition veut qu’elle soit revêtue, dans toute la splendeur possible, des habillements du chef de la famille pour le représenter devant les amis, les parents et les étrangers.

Agnès se tenait ferme sous l’ample jupe de camelot noir brillant, raccourcie à sa taille au moyen de grands plis que l’aïeule avait faufilés la veille. Le corsage à basques gothiques la couvrait tout entière ; elle ne pouvait bouger ; mais qu’elle était contente et qu’elle était jolie, coiffée du large bonnet de linon à tuyaux roides qui entourait sa figure mignonne ! Sa joie fut encore rehaussée d’une belle faille en soie