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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/153

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LES PETITS FLAMANDS.

avait beaucoup d’émotion dans les regards et dans les cœurs.

Tous se rassemblèrent autour d’un humble déjeuner qu’Agnès oublia de souhaiter plus somptueux. Le lait fut servi dans le poêlon de cuivre étincelant, puis le cacao bouilli, humble café des familles modestes, prit place à côté de la pomme dorée au four du poêle. Ce repas embaumait d’une fumée nourrissante. Ce n’était pas splendide, mais sain, comme tout ce qui est savoureux et propre.

— Mangez, mes enfants ; c’est tout ! dit la grand’mère en jetant un coup d’œil significatif à M. Alden- horf. Il la comprit bien, car il se hâta de sortir par la ville afin de recueillir l’argent des travaux de plu- sieurs mois ; cet honnête bourgeois était peintre et doreur. Ensuite chacun se dispersa pour vaquer aux soins habituels des jours ouvrables ; les sœurs ainées s’en allèrent aux écoles ; le frère, le plus rapproché de l’âge d’Agnès, fut, cette fois-là, dispensé de la sienne. En voyant sortir ses sœurs avec leurs cahiers d’écriture et le panier d’école au bras, Agnès eut le cœur gros. Elle dit que ce n’était donc pas une fête, puisque tout le monde s’en allait comme aux jours de peine. Ses sœurs, qui en savaient plus qu’elle, l’embrassèrent pour la consoler, et, de convention avec leur mère,