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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/158

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LES PETITS FLAMANDS.

regards sur sa chère petite associée, Just se haussa jusqu’à son oreille ; à quoi elle répondit :

— C’est vrai ! tu as bien la mémoire de ton âge.

Alors une belle poire sortit du buffet d’ébène peint au dedans couleur d’azur ; cette poire y mûrissait lentement, consacrée à ce jour de fête.

— Vous me la donnez pour toujours, grand’mère ? dit l’enfant.

La mère l’en assura. Alors, se retournant vers Just :

— Si tu as de l’amitié pour moi, mon frère, coupe la poire en deux, et manges-en la moitié, je l’ordonne !

Just, la saluant profondément, répondit :

— J’ai de l’amitié pour toi ! Et il mangea la moitié de la poire ; bon Just !

— Tu ne la gardes pas tout entière, petite souveraine ? dit l’aïeule.

— Non, grand’mère, la moitié est meilleure.

— Pourquoi donc cela ?

— Parce que mon frère mange l’autre et que nous sommes contents à deux.

— Tu calcules déjà bien, Agnès, et tu ne ferais pas une méchante reine.