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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/157

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LES PETITS FLAMANDS.

— J’entends, j’entends, répondit l’aïeule à voix basse, en regardant Just avec un doux reproche ; tu nous fais des innocents bien ambitieux, toi ! Je croyais que cette bonne petite reine venait me demander du lin pour apprendre à filer : j’étais prête.

Il y eut un silence interrompu seulement par le rouet plus actif, malgré la fête ; puis madame Catherine entra, qui, d’une manière inquiète, causa longuement tout bas avec sa belle-mère. Le bruit aigre du rouet, qui allait toujours, ne permit pas aux enfants d’entendre une parole de l’entretien ; mais ils se tinrent pour dit que leurs ordres allaient être exécutés sans faute, et leur joie était extrême. Retirés dans un coin de la chambre par respect pour les mères qui parlaient avec action, ils attendaient, pleins d’espoir, quand leur père Félix apparut au seuil d’une longue allée donnant en dehors du logis ; sa femme, empressée, courut le joindre, tandis qu’Agnès et Just se livrèrent à de nouveaux plans agréables pour cette journée, qui leur semblait ne devoir pas finir. Pourtant midi sonnait : l’heure où l’on dîne en Flandre approchait, et l’estomac d’Agnès sentait qu’il manquait un corps à ses rêves. La grand’mère le devinait sans doute, et se leva troublée comme une femme qui oublie toutes choses. Tandis qu’elle concentrait ses