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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/14

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filiale de Marceline étend un voile, la mère, Catherine Desbordes, prit un parti extrême. Elle s’était ressouvenue d’un parent riche qui habitait la Guadeloupe et qui, plusieurs fois, avait offert aux Desbordes de les recueillir. Sans prendre le temps de lui écrire, sans même songer aux obstacles que présenterait à deux femmes, dénuées de ressources, un si long voyage, il fut décide que la mère et Marceline, la plus jeune des filles, partiraient.

« Ce voyage avait pour but, dit une note, de retrouver un parent qui plusieurs fois avait appelé quelqu’un des siens pour lui rendre quelque chose de la patrie perdue. La plus jeune enfant du peintre et doreur, en suivant sa mère pour aller au bout du monde, sentit vivement l’effort qui l’enlevait à sa famille. On lui disait que sa mission était de relever le sort de son père, qu’elle aimait profondément, et de ses sœurs qui l’avaient comblée de soins. Elle obéissait à l’espoir pieux de sa mère, mais elle pleurait, et, dès ce moment la teinte triste fut mêlée en elle à tous ses étonnements, à ses travaux et à ses jeux. L obéissance l’entraînait, le ressentiment l’enveloppait et les joies vives étaient tombées comme des fleurs sur le seuil déserté de son père. »

« Déchirée en quittant son père et ses sœurs pour la première fois, elle suivit une mère adorée qui, « plus grande que folle », sui-