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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/15

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-vant l’expression de La Fontaine, et déçue par la noblesse même de son propre cœur, s’en allait au-delà de la mer chercher un appui si longtemps et si inutilement attendu dans son pays.»

« En partant, elles passèrent par Lille où elles descendirent chez une dame qui avait joué la comédie et qui apprenant la situation malheureuse de la famille Desbordes conseilla à Catherine de mettre sa fille au théâtre. Marceline avait une figure intelligente, touchante, et la voix juste et sympathique. Mme Desbordes, toute en pleurs, se rendit à ce conseil, la somme qu’elle avait pu distraire de ce qui restait au ménage, ruiné par la Révolution, se trouvant d’ailleurs insuffisante pour couvrir les frais d’un si long voyage. Marceline joua d’abord à Lille, puis à Rochefort et à Bordeaux. La directrice fit banqueroute, et, lorsque la jeune actrice osa lui demander un léger acompte sur ce qui lui était dû, cette misérable femme lui donna un soufflet , en lui disant qu’il son âge on n’avait pas besoin d’à -compte. Deux jours se passèrent sans que le pain entra dans leur humble refuge, et quand Marceline voulut en sortir pour s'en procurer, elle tomba évanouie. Une jeune actrice, Mlle Tigé, sa voisine, lui offrit tout ce dont elle pouvait disposer, et la sauva insi que sa mère, Mme Desbordes et sa fille partirent alors pour Pau, oh Marceline joua