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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/21

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 Ton nom ! partout tout nom console mon oreille,
 Flamme invisible, il vient saluer ma douleur,
 Il traverse pour moi le monde et le malheur,
 Et la nuit, si mon âme est triste, il la réveille.
......
 Tu sais que dans le mien le Ciel daigna l’écrire ;
 On ne peut m’appeler sans l’annoncer à moi,
 Car depuis mon baptême il m’enlace avec toi.

Que son secret reste inviolé ! La douleur avait brisé la voix de Marceline, et elle dut renoncer au chant lorsqu’elle rentra au théâtre, pour faire vivre son père et son enfant. Elle nous l’apprend elle-même dans une lettre qu’elle écrivait à son frère, alors prisonnier de guerre en Écosse.


Paris, 3 mars 1813.

« Ta dernière lettre, mon cher Félix, m’a fait tout autant de bien que les autres. Elles me parviennent toutes, et je réponds à toutes. C’est un bonheur pour moi comme pour toi-même, et si mon amitié charme les ennuis de ta longue captivité, ton souvenir adoucit également la tristese de ma position. Qu’elle ne t’occupe pas trop, elle ne peut durer, et j’ai tout autant de courage qu’il en faut pour supporter un malheur qui ne peut être que passager. Mais ayant quitté Paris depuis plusieurs années, c’est avec bien de la peine que je parviens à y retrouver une place. Enfin, ce moment