Aller au contenu

Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celui de Valmore. Il avait vingt-quatre ans. Grand, bien fait, beau garçon, de tournure distinguée, il avait une voix qui, bien que voilée par un grasseyement assez sensible, ne manquait pas de charme. Malgré de brillants débuts, il n’avait pu rester au Théâtre-Français. Du théâtre de Nantes, où Valmore était en 1816, il passa à celui de Bruxelles l'année suivante. C’est là que Marceline Desbordes et lui se rencontrèrent, lui qu’elle avait vu tout enfant à Bordeaux, vingt ans auparavant, qu’elle avait fait sauter sur ses genoux. Toutefois, ce ne fut pas seulement cet ancien souvenir qui les rapprocha. La nature pleine de poésie, de délicatesse et de mélancolie de Marceline fit sur Valmore une telle impression que les déclarations d’amour, qu’il lui adressait chaque soir sur la scène, devinrent l’expression d’un sentiment véritable ; il s’aperçut bientôt qu’il aimait sa grande amie d’autrefois. Marceline ne crut pas à cet amour, qu’elle pouvait mettre sur le compte de la jeunesse. À une lettre pleine de passion elle répondit : « … Il n’y a rien de si sincère que mon cœur. Je ne puis plus le donner qu’en donnant ma vie, et ce n’est pas à votre âge, entouré de mille séductions, que l'on promet un amour sans bornes, sans terme que le tombeau ! Ne cherchez donc pas à l’inspirer, à moi, — J’ai tant souffert. » (Lettre I). À d’autres protestations, elle opposa les mêmes refus. Puis, cet amour sincère d’un homme beau,