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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/37

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maladie se déclara, étrange comme sa nature, faisant naître chez elle tine jalousie excessive contre sa sœur, lui enlevant la voix ; « La voix d’Inès était d’une douceur pénétrante et, comme celle de sa mère, faisait pleurer. S’éteignant de plus en plus sous le progrès de la maladie, cette voix déchirait le cœur de la mère lorsque l’enfant faisait de vains effoirts pour moduler certains airs flottant dans sa mémoire ; ils ne sortaient plus qu’étouffés de cette gorge brillante et sèche. Celle qui la veillait, en l’écoutant, pleurait dans la chambre à côté. — La Voix perdue est un des souvenirs de ces veilles poignantes » (Œuvres II f p. 251).

Inès mourut. Sa mère lui adressa cet adieu poignant, où pleure comme l’affection de Rachel qui ne voulut pas être consolée :

Je ne dis rien de toi, toi, la plus enfermée !
Toi, la plus douloureuse, et non la moins aimée !
Toi, rentrée en mon sein ! Je ne dis rien de toi
Qui souffres, qui te plains, et qui meurs avec moi.

Le sais-tu maintenant, ô jalouse adorée,
Ce que je te vouais de tendresse ignorée !
Connais-tu maintenant, me l’ayant emporté,
Mon cœur qui bat si triste et pleure à ton côté ?

Elle reprit dans son cœur, un sentier de souvenirs, connu d’elle seule depuis trente ans, et, à côté de son premier enfant, coucha pieusement sa dernière fille.

Valmore était à Bruxelles. Ce malheur, pressenti pourtant, le brisa. Fatigué de la