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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/46

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les temps de ma vie, ce serait un bonheur pour moi de vous prouver, autrement que par ma gaîté, l’estime particulière que je me plais à porter à votre famille, et à vous, Monsieur. N’est-ce pas là tout ce que vous désirez savoir ? Vous devez être assuré présentement que personne n’est plus sincèrement que moi, votre humble servante.

M. DESBORDES.

III


À M. VALMORE

(Bruxelles, 1817.)

Me croyez-vous libre d’exprimer ce qui se passe en moi, mon ami ? Le croyez-vous ? Oppressée de joie et de surprise, je crains… pardonnez-moi, je crains d’abandonner mon âme au sentiment qui la remplit, qui l’accable, oui, cette ivresse de l’âme est presque une souffrance, — O prenez garde à ma vie ! Elle est encore frêle et incertaine. Depuis qu’elle est à vous, je crains tout ce qui peut la menacer, et l’espoir d’une félicité imprévue, infinie, me semble au-dessus de mes forces. Et dites-moi, mon amour, portez-vous dans les relations intimes de la vie, ce charme, cette douceur qui me touche, qui m’entraîne vers vous ? Quel bonheur alors de