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HUIT FEMMES.

tu les écoutes. Je devine souvent que tu veux courir, car tu me regardes ! tu voudrais que je fusse moins à mon livre. Tes pieds brûlent de m’entraîner avec toi ; je t’entends respirer plus vite comme pour avancer l’heure. Puis, quand nous sommes libres de chanter, de courir, tu me demandes tout ce qu’a lu ton père ; et le lendemain tu le lui répètes mieux que je n’ai su le retenir. C’est bien étonnant, Edwin, comment l’as-tu donc compris ?

— O Sarah ! je retiens tout ce que tu dis : les moindres paroles me jettent dans l’ame une foule d’idées nouvelles qui s’y développent, comme quelques grains jetés au hasard font éclore, de la terre qui les recueille, mille fois plus qu’elle n’a reçu. Oui ! mes idées naissent des tiennes ; je les attends ; oui, Sarah, parle-