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HUIT FEMMES.

gers rafraîchissait l’air, et répandait un souffle de vie dans cet asile de la mort.

» M. Primrose était à genoux et priait. Son fils, si plein de sa douleur et du besoin de la répandre, l’oublia et s’oublia lui-même pour regarder son père avec une crainte religieuse. Il écarta doucement les branches des arbres qui, comme un rideau sombre, ombrageaient cette place, et contempla longtemps en silence l’ami de sa jeunesse, l’arbitre de son sort, prosterné devant une tombe, le front penché jusqu’à terre. Entraîné lui-même par le sentiment qui l’étouffait, il se laissa glisser à genoux, et pria pour son père. Le bruit des feuilles froissées par le mouvement qu’il fit en s’agenouillant, attira le regard de M. Primrose, qui vit son fils à l’autre extrémité du tombeau.