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HUIT FEMMES.

journées consacrées par elle aux travaux d’aiguille, un chant jeune, égal, traversait l’espace et venait me dire à moi, plongé dans mes regrets interminables : « Je suis heureuse ! » comme l’oiseau posé furtivement sur une branche du platane, disait à tout : « Je suis heureux ! »

La chanson qui revenait le plus souvent dans cette voix sans culture, mais argentine comme la voix d’un enfant de chœur, était une ballade d’oiseau que j’avais moi-même apprise autrefois de ma sœur.

Elle me frappait l’ame d’une de ces réminiscences charmantes que l’innocence seule réserve pour ceux qui l’adorent toujours.

« Que ne m’avez-vous donné les ailes d’un oiseau, ma mère, puisque je n’ai ni la maison, ni le rang ni le sol de mes pères !