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l’enfant des champs-élysées.

Mon cœur est si tendre
Que Dieu peut le prendre :
N’en faites, mon Dieu, dédain ni refus ;
Vous le garderez pour l’enfant Jésus !

La vieille voix sanglotante de Zolg s’arrêta tout court. Son accent germanique et sa candeur qui lui faisait appeler le préfet : Monseigneur, mêlaient un comique triste à ce récit dont les auditeurs ne souriaient pas. Il y a quelque chose d’auguste dans la douleur d’un vieillard et dans toutes les douleurs vraies. Le respect dû à celle-ci s’augmentait au contraire de la naïveté qui l’exprimait difficilement. Aussi fut-il prouvé à Zolg qu’on ne l’entendait pas avec indifférence. Il put dire à sa maîtresse qu’une pitié profonde veillait sur elle, et que la justice humaine, comme la Providence divine, cherchait nuit et jour son enfant.

Rosa, grâce aux veilles et aux soins de sa mère, revint à la vie. La nature fut plus forte que son affreux saisissement ; le délire et la fièvre la quittèrent. Durant sa convalescence elle pria