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l’enfant des champs-élysées.

s’écria-t-elle en élevant ce papier devant Dieu, mon Dieu, lisez ! faites que ceci soit vrai ; faites que la main qui m’a pris mon enfant le sauve de la mort, et prenez mon cœur tel qu’il est en ce moment. Oh ! regardez-y, mon Dieu ; dans ses transes inouïes, dans ses larmes de sang, partout, partout, il y a pardon  » Le plus grand secret fut gardé sur cette lettre, car elle parut être comme un fil précieux qui pouvait guider jusqu’au labyrinthe où Michel était enfermé. Rosa ne parlait jamais de son frère ; il n’y avait que son silence qui attestât le souvenir qu’elle en gardait. Passait-elle devant les chèvres qui ne sortaient plus, un frisson la parcourait tandis qu’elle les regardait d’un air effaré qui faisait mal à voir. Une fois, en revenant de sa course journalière avec Zolg, elle trouva devant leur porte un rassemblement d’écoliers que sa présence fit taire instantanément. Ils la laissèrent passer tristes et sérieux, tenant leurs casquettes à la main. De temps à autre, ils ve-