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Page:Desbordes-Valmore - L’enfant des Champs-Elysées, 1871.djvu/44

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l’enfant des champs-élysées.

— Quoi donc, Rosa, quoi donc ?

— Rien, répondit Rosa, d’une voix brève, rien du tout… Le soleil m’éblouit ; mais ce Savoyard, le vois-tu ?

Madame de Senne le voyait. D’un air gaiment intrépide, poussant de droite et de gauche, marmotte en tête, il se faisait une route jusqu’à la voiture, et guidait vers elle un petit camarade pour l’associer à sa bonne fortune.

Il y avait en effet quelque chose de singulier dans l’aspect de l’enfant qui s’avançait alors sur ses jambes chancelantes.

Madame de Senne, dont les élancements de cœur avaient été tant de milliers de fois refoulés, secoua tristement la tête ; mais encore ne pouvait-elle s’empêcher d’observer fixement cette petite ombre qui traversait le soleil et se laissait comme traîner vers sa pitié. Par un mouvement aussi prompt qu’impossible à réprimer, la poignée de cuivre céda sous la pression violente de ses deux mains, et la portière s’ouvrit.