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Page:Desbordes-Valmore - L’enfant des Champs-Elysées, 1871.djvu/45

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l’enfant des champs-élysées.

— C’est la dame qui donne, dit le Savoyard au petit malheureux qu’elle parcourait de tous les yeux de son âme. Alors l’enfant, qui s’était laissé conduire en silence, élevant des bouquets de violettes qu’il tenait dans sa main, dit faiblement :

— N’en faites pas de refus…

Rosa cria au secours et retomba suffoquée en arrière, Déjà l’enfant était dans la voiture.

— Madame veut donc descendre ? demanda le cocher, qui veillait à pied sur ses chevaux, et tout étonné de voir le petit délabré admis dans son carrosse.

L’enfant, immobile, se sentant presser par des mains inconnues au milieu du bruit assourdissant des boulevards, redit encore une fois patiemment :

— N’en faites pas de refus !

Madame de Senne était sans voix. Il se faisait un silence solennel dans cette femme, dont l’empressement sauvage écartait les débris d’un mouchoir qui