LA PRÉCIEUSE. 13
time, M. Jonathan Belfield, n’était venue changer le cours de ses idées. M. Forster et M. Belfield étaient fort liés, quoique leurs caractères fussent parfaitement dissemblables. L’un prenait tout sérieusement ; l’autre considérait le monde et toutes choses comme une plaisanterie. Celui-là adorait les anciens ; celui-ci prétendait qu’ils n’étaient pas dignes de dénouer les cordons desouliers des modernes. Le premier prétendait que l’humanité allait à reculons ; le second disait qu’au contraire elle marchait à grands pas vers la perfectibilité. L’un était Tory effréné, l’autre Wigh furieux ; enfin, ils n’ouvraient jamais la bouche que
pour se quereller, et c’est justement ce qui cimentait leur amitié. L’esprit de M. Forster n’était pas des plus vifs ; celui de M. Belfield était quelque peu lent à suggérer un sujet de conversation. S’ils avaient été d’accord sur tous les points, leurs entretiens eussent été constamment à sec. Heureusement, se contredisant à toute occasion et à tout propos, un mot seul suffisait pour soulever entre eux une discussion qui durait tout un jour. Une belle matinée ! s’écria donc en entrant M. Belfield, et en se frottant les mains. —Je ne suis pas de votre avis, répondit M. Forster. — Il fait un soleil magnifique. —
Mais mon bon ami, si vous observez bien, c’est un froid et une humidité qui vous pénètrent. Mapa