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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/427

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LE BAISER DU ROI.

confiante dans l’amour de son bien-aimé parent, la fille candide d’un vieux courtisan ne voyait pas un nuage sur l’avenir, elle était au contraire singulièrement égayée par les bouderies de son amant, dont les yeux lançaient des flammes, sans qu’il osât se plaindre davantage. Ce dernier hors de lui-même, trop jeune encore pour maîtriser la torture des réflexions qui l’étouffaient, tremblant d’en effrayer l’innocence de Christine, se dédommagea de ne pouvoir exciter sa compassion en se déchirant lui-même. — J’ai été bien fou ! s’écria-t-il ; oh ! je mériterais… tout ce m’arrivera. De par le ciel ! avoir souffert qu’une passion absurde me trompât ! Allons, il faut en finir : je ne paierai point la dette que je dois à ton père en lui dérobant son unique enfant ; adieu, Christine ! je vais joindre mon régiment ; je compte sur la pitié d’une bonne bataille ; au moins tu penseras avec un peu de tristesse à ton ami perdu. Sa voix s’altéra, Christine poussa un cri, et ses larmes jaillirent avec abondance, car Adolphe était à ses pieds qui lui pardonnait et lui demandait pardon. Sa belliqueuse résolution s’y fondit comme le plomb dans la flamme ; et les jeunes amants ne se quittèrent que plus passionnément épris l’un de l’autre.

S’il est vrai qu’Adolphe fût trop prompt à désespérer du succès de son amour, Christine était aussi trop lente à croire que nulle opposition n’entrave-