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Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de lady Betty.djvu/438

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LE BAISER DU ROI.

se ressouvenir de celui qu’elle haïssait si franchement. Tout à coup, Adolphe, plus fier que Christine, parce qu’il était plus pauvre, ne voulut plus jouer à ce jeu d’esclave qui plaisait tant à sa folle maîtresse. Il eut l’immense courage de s’absenter de cette maison laissant croire à Christine consternée, le croyant peut-être lui-même, qu’il l’abandonnerait aux poursuites de son riche prétendant ; et quand il reparaissait, durant de courtes visites reçues sans beaucoup de chaleur par son oncle tout glacé de diplomatie, il se tenait à une telle distance de Christine, à son tour rêveuse et bouleversée, qu’elle ne vit plus d’autre moyen de retrouver le repos et Adolphe qu’en détruisant à jamais l’audacieuse prétention du comte.

Un matin qu’elle avait désiré peut-être plus ardemment qu’Ericson lui-même, demeurer seule avec lui, après avoir suivi des yeux son père jusqu’au bout d’une longue galerie, où il disparut sous le prétexte d’une dépêche importante à expédier, elle attendit avec anxiété qu’il prît la parole pour le rudoyer de manière à ce qu’il n’y revint pas ce fut vainement ; on eût dit que cet amoureux contemplatif n’avait ni lèvres ni voix. Christine étouffait d’impatience.

— J’ai rêvé de vous cette nuit, dit-elle enfin pour entamer une querelle décisive. J’espère qu’à l’avenir vous n’aurez pas la présomption de troubler