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LES PLEURS.

Dieu qui parle et se plaît dans une ame ingénue,
Que l’on a vu passer avec l’errante nue,
Dont on buvait l’haleine au fond des jeunes fleurs,
Qu’on regardait dans l’ombre et qui séchait nos pleurs ;
Et le pardon qui vint un jour de pénitence,
Dans un baiser furtif redorer l’existence !

Ce suave lointain reparaît dans l’amour ;
Il redonne à nos yeux l’étonnement du jour ;
Sous ses deux ailes d’or qu’il abat sur notre âme,
Des prismes mal éteints il rallume la flamme ;
Tout s’illumine encor de lumière et d’encens ;
Et le rire d’alors roule avec nos accens !

Des pompes de Noël la native harmonie
Verse encor sur l’hiver sa grâce indéfinie ;
La cloche bondissante avec sa grande voix,
Bouge l’air en vibrant : Noël ! comme autrefois ;
Et ce ciel qui s’emplit d’accords et de louanges,
C’est le Salutaris et le souffle des anges !
Et puis, comme une lampe aux rayons blancs et doux,
La lune, d’un feu pur inondant sa carrière,
Semble ouvrir sur le monde une immense paupière,
Pour chercher son Dieu jeune, égaré parmi nous.