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LES PLEURS.

« Oh ! qu’elle soit heureuse entre toutes les femmes ! »
Dit une femme heureuse et choisie à son tour ;
« Oh ! qu’elle règne aux cieux ; j’ai mon ciel, j’ai l’amour !
Par lui, l’éternité sauve toutes nos ames ! »

La pitié fend la nue, et fait pleuvoir ses dons
Sur l’indigent qui court vers le divin baptême.
Regarde ! son flambeau repousse l’anathême ;
Et son manteau qui s’ouvre est chargé de pardons :
Noël ! Noël ! l’enfant lève sa tête blonde,
Car il sait qu’à minuit les anges font la ronde !
Quel bonheur de t’attendre à travers ce bonheur,
Dis ! d’attirer ta vie à mon foyer rêveur !
Répands-y de tes yeux la lumière chérie ;
Viens ! J’ai besoin d’entendre et de baiser ta voix.
C’est avec ta voix que je prie,
C’est avec tes yeux que je vois !

Quand l’orgue exhale aux cieux les soupirs de l’église,
Ce qui se passe en moi, viens ! que je te le dise ;
Viens ! Et salut à toi, culte enfant, pur trésor !
Par toi, la neige brûle et la nuit étincelle ;
Par toi, la vie est riche ; elle a chaud sous ton aile ;
Le reste est pour le pauvre ; et ce n’est qu’un peu d’or !
Mon Dieu ! qu’il est facile et doux d’être prodigue,
Quand on vit d’avenir, de prière, d’espoir ;