Page:Desbordes-Valmore - Les Pleurs, 1834.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
LES PLEURS.

De l’air pur qui soufflait au jour de ma naissance,
Doux pour l’enfant du pauvre et pour l’enfant du roi.

J’ai soif d’un frais oubli, d’une voix qui pardonne.
Qu’on me rende Albertine ! elle avait cette voix
Qu’un souvenir du ciel à quelques femmes donne ;
Elle a béni mon nom… autre part… autrefois !

Autrefois !… qu’il est loin le jour de son baptême !
Nous entrâmes au monde un jour qu’il était beau :
Le sel qui l’ondoya fut dissous sur moi-même,
Et le prêtre pour nous n’alluma qu’un flambeau.

D’où vient-on quand on frappe aux portes de la terre ?
Sans clarté dans la vie, où s’adressent nos pas ?
Inconnus aux mortels qui nous tendent leurs bras,
Pleurans, comme effrayés d’un sort involontaire.

Où va-t-on quand, lassé d’un chemin sans bonheur.
On tourne vers le ciel un regard chargé d’ombre ?
Quand on ferme sur nous l’autre porte, si sombre !
Et qu’un ami n’a plus que nos traits dans son cœur ?